Gilets jaunes : un 4e samedi de désordres ne doit pas être une option possible
Depuis le début du mouvement, la CPME réclame, en vain, un moratoire sur l’augmentation de la fiscalité sur le carburant. Une telle réponse aurait été de nature à apaiser les esprits et à ramener le calme.
Après les violences inadmissibles de ce week-end, l’heure n’est plus aux tergiversations.
Le risque de paralysie de l’ensemble de l’économie française est aujourd’hui bien réel ainsi que viennent de le rappeler une partie des fédérations professionnelles de transporteurs routiers et de la logistique, adhérentes de la CPME.
Les artisans, commerçants, TPE et PME sont parmi les premiers concernés par l’augmentation des prélèvements et des normes de toute sorte. L’exaspération monte, à son tour, dans leurs rangs face à l’absence de véritable réponse des pouvoirs publics.
C’est pourquoi la CPME réclame l’annulation pure et simple de l’augmentation des taxes sur les carburants prévue au 1er janvier 2019.
Le Président de la République doit également dire rapidement quelles mesures il entend prendre pour diminuer enfin la dépense publique et stopper la spirale infernale dans laquelle notre pays se débat.
Un 4e samedi de désordres ne doit pas être une option possible.
Les annonces faites par Edouard Philippe
Le Premier Ministre vient d’annoncer la suspension de hausse de la taxe carbone sur les carburants pendant six mois, celle de l’électricité et du gaz «pendant l’hiver ». Les annonces suivantes ont été faites :
• Suspension de la hausse des taxes sur les carburants pendant six mois
Le Premier Ministre « suspend pour six mois » cette hausse de la fiscalité. Deux autres mesures fiscales prévues sont suspendues : la convergence de la fiscalité du diesel avec celle de l’essence, ainsi que l’alignement sur la fiscalité des particuliers de la fiscalité du gazole des entrepreneurs non routiers.
• Suspension de la hausse des tarifs de l’électricité et du gaz «pendant l’hiver»
Édouard Philippe a également annoncé que « les tarifs de l’électricité et du gaz n’augmenteront pas durant le temps de la concertation». Autrement dit, la hausse automatiquement prévue au 1er janvier de chaque année est suspendue « pendant l’hiver qui s’annonce ». Plus de 25 millions de foyers sont concernés.
• Suspension du durcissement du contrôle technique pendant six mois
Le Premier Ministre a affirmé qu’il avait «entendu les inquiétudes sur les modalités du contrôle technique, qui le compliquent et le rendent plus cher ». Résultat, il «suspend là aussi cette mesure pour 6 mois, le temps de trouver une juste adaptation». Au 1er janvier 2019, de nouvelles règles étaient censées entrer en vigueur pour limiter l’opacité des fumées des gazoles et de plusieurs polluants libérés par les moteurs à essence.
• Pas de coup de pouce supplémentaire au Smic
Après avoir cité les «mesures fortes déjà prises pour le pouvoir d’achat» comme «la baisse de la taxe d’habitation, la baisse des cotisations salariales et la revalorisation de la prime d’activité», Édouard Philippe a de nouveau écarté un éventuel coup de pouce au salaire minimum. Mais il a insisté sur «l’augmentation légale du Smic au 1er janvier», qui se traduira par «une hausse de 3% du Smic net au 1er janvier», soit «l’une des plus importantes des 25 dernières années». Pour rappel, cette augmentation est automatique dans la mesure où elle est indexée sur l’inflation.
• Une concertation du 15 décembre au 1er mars
Le Premier Ministre a aussi livré un mea culpa au nom de la majorité. «Les Français qui ont enfilé un gilet jaune aiment leur pays. Ils veulent que les impôts baissent et que le travail paie. C’est aussi ce que nous voulons. C’est le cœur de l’engagement du président de la République. Si je n’ai pas réussi à l’exprimer, si la majorité a peiné à en convaincre les Français, c’est que je dois, nous devons changer quelque chose», a reconnu Edouard Philippe. Avant de pointer des propositions gouvernementales «peut-être insuffisantes ou inadaptées.»
C’est pourquoi le Premier Ministre promet une «concertation», qui «ne doit ressembler à aucune autre», avec «tous les Français qui souhaitent s’exprimer». Celle-ci doit débuter le 15 décembre et se terminer le 1er mars. Edouard Philippe y attend «des traductions concrètes dans la vie quotidienne de nos compatriotes». «Nous voulons dans ce laps de temps identifier et mettre en œuvre des mesures d’accompagnement justes et efficaces. Si nous ne les trouvons pas, nous en tirerons les conséquences.»
• « Tous les moyens nécessaires pour faire respecter la loi » ce samedi 8 décembre
S’il a rappelé que «le droit de manifester est un droit précieux», «qui fonde notre pays», Edouard Philippe a aussi souligné que «les Français ont le droit à la sécurité». Alors qu’un quatrième samedi de mobilisation se prépare sur les réseaux sociaux, le Premier Ministre prévient: la manifestation «doit être déclarée et doit se dérouler dans le calme». «Le ministre de l’Intérieur mobilisera tous les moyens nécessaires pour faire respecter la loi», a-t-il précisé. Edouard Philippe a aussi tenu à confirmer que ce seront «les impôts des Français qui seront utilisés pour réparer et indemniser les dégâts» commis samedi dernier par les violences qui ont éclaté un peu partout dans le pays.
Les positions de la CPME sur ces annonces
La CPME réagit positivement à l’annonce par le Premier Ministre d’un moratoire sur la hausse des taxes sur le carburant. Elle regrette toutefois de n’avoir pas été entendue plus tôt, ce qui aurait sans doute évité que le mouvement ne dégénère.
Quoiqu’il en soit ces annonces constituent un geste d’ouverture du gouvernement. Il est maintenant impératif que l’activité économique reprenne son cours normal et que les blocages prennent fin. Les violences ne doivent plus être tolérées.
Il n’en reste pas moins que le mouvement a soulevé de vraies questions auxquelles il conviendra que des réponses soient apportées.
La Confédération des PME regroupant des entreprises patrimoniales implantées sur tout le territoire national, contribuera donc activement aux concertations territoriales pour faire en sorte, au travers d’une forme de « bouclier fiscal », que la fiscalité qui pèse trop lourdement sur les commerçants, artisans, TPE, PME soit plafonnée et inscrite dans une trajectoire de baisse, qu’il s’agisse d’impôts ou de taxes nationaux, locaux ou … écologiques.