Vaccinons davantage dans nos PME de premières lignes !

23 Avr 2021 | Actualités locales, Positions

Par Bernard Cohen-Hadad / 20 avril 2021

Il existe un paradoxe francilien : la région la plus impactée de France par l’épidémie est aussi celle où nous vaccinons le… moins ! Les taux d’incidence dépassent pourtant largement le seuil fixé par le Gouvernement, avec à date une moyenne régionale de près de 600 pour 100 000 habitants et parfois plus de 1 000 dans certains départements. Plus d’un an et 100 000 morts après le début de la crise sanitaire, “la pilule” du 3ème confinement est amère pour nos entrepreneurs, particulièrement ceux dont l’activité a été, voire reste fermée.

Les annonces du Président de la République sur une réouverture progressive de certains commerces à compter de la mi-mai et la campagne de vaccination qui monte en puissance sont des bonnes nouvelles. Elles redonnent le moral aux petits patrons. Néanmoins, le message public sur le vaccin passe toujours mal auprès des Français, la confiance dans les responsables politiques marque le pas dans les territoires et beaucoup d’entrepreneurs sous perfusion craignent un retrait trop brutal de l’aiguille des mesures de soutien économique.

La vaccination est sans conteste un atout

Pour les plus âgés d’entre nous, le vaccin et la vaccination ont toujours été synonymes de progrès et d’égalité dans l’accès au soin. Dans la lignée de Pasteur, des progrès des chercheurs de la science et de la médecine, et de la confiance dans notre industrie pharmaceutique. Et en Ile-de-France, la filière de la santé est un secteur d’excellence avec des TPE, PME, PMI et 56 000 salariés. Dans nos entreprises, celles dont les patrons et les salariés sont quotidiennement en contact avec le public, nous regrettons la réserve d’une partie des personnels de santé et des enseignants pour se faire vacciner. Aujourd’hui, bien mieux que les gestes barrières, les confinements et les couvre-feux, la vaccination est à moyen terme « la » seule porte de sortie de cette pandémie, y compris si nous devons nous faire vacciner tous les ans pour vaincre le virus, comme nous le faisons déjà au demeurant pour la grippe saisonnière… Quant à la balance bénéfice-risque d’AstraZeneca, malgré les rarissimes cas de thrombose, elle reste largement positive jusqu’à preuve du contraire.

Le choix d’une solidarité sans faille

Notre pays a fait le choix de vacciner les plus âgés d’entre nous et de permettre à tous les corps de métier de santé de pouvoir vacciner dans leur cabinet privé ou dans des lieux publics spécialement dédiés, centres de vaccination éphémères ou permanents. Ce choix de la solidarité a pu faire l’objet de débats, d’autant que d’autres pays ont préféré concentrer l’effort de vaccination sur la population active. Ce choix nous le soutenons sans réserve et depuis l’origine. Concernant la nationalité des vaccins, faute de moyens financiers et de réussite, nous avons perdu la bataille de l’urgence et, c’est vrai, nous sommes déçus. En tant qu’entrepreneurs, nous aurions été fiers de pouvoir revendiquer la création d’un vaccin fabriqué en France, voire européen, et de pouvoir le produire dans notre industrie pharmaceutique hexagonale ! Aujourd’hui, notre industrie montre qu’elle ne perd pas de temps. Elle multiplie les centres de fabrication des vaccins et toute une armée d’entreprises de toutes tailles mettent en place une logistique efficace afin que les livraisons de doses augmentent de façon exponentielle et arrivent dans les meilleurs délais.

Vaccinons vite et fort entrepreneurs et salariés

La campagne de vaccination est devenue une “priorité nationale” selon le Président de la République. 1 900 000 premières doses ont été injectées au total en Ile-de-France. C’est paradoxalement peu pour la région capitale. Et si nous voulons monter rapidement en charge, il faut élargir les publics cibles et donner la possibilité à tous les corps de métiers, commerces, artisans, indépendants, TPE, en contact avec le public, qui entrent dans les conditions d’âge, de pouvoir se faire prioritairement vacciner sur la base du volontariat. L’Etat doit travailler en accord avec les régions et les municipalités, afin de leur permettre de disposer de doses en quantité suffisantes pour relever ce défi, limiter la hausse des contaminations et réduire les incertitudes liées aux restrictions sanitaires, incertitudes que nous vivons mal en Ile-de-France. Vaccinés en cabinet par leur généraliste, leur pharmacien, leur infirmière ou en vaccinodrome, nos entrepreneurs et leurs salariés seront à nouveau plus optimistes car ils pourront anticiper la reprise et se projeter à nouveau, avec notamment un calendrier de réouvertures sectorielles progressives à compter de la mi-mai.

Vacciner le monde de l’entreprise, c’est éclaircir son horizon et lui rouvrir des perspectives. C’est aussi l’occasion d’anticiper sereinement l’inévitable et indispensable évolution des aides financières à compter de fin 2021. Cela permettra aux acteurs économiques des régions pénalisées et des secteurs meurtris d’apercevoir, enfin, la lumière au bout du tunnel. En gardant toutefois à l’esprit que le virus et ses variants pourraient jalonner ce chemin d’énièmes difficultés qui brouilleraient une nouvelle fois l’horizon…

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