Nous avons eu l’honneur de rencontrer Thibaut Rigaudeau, para-athlète et multi-médaillé des Jeux Paralympiques de Paris 2024, des championnats du Monde et d’Europe. Au-delà de ses prouesses sportives, Thibaut nous parle de l’impact de ces Jeux sur la perception du handicap, des défis rencontrés dans son parcours d’athlète, et du rôle que les chefs d’entreprise peuvent jouer dans l’inclusion des personnes en situation de handicap.
Thibaut Rigaudeau a une déficience visuelle due à une maladie génétique appelée rétinite pigmentaire, diagnostiquée lorsqu’il avait 8 ans. Cette pathologie entraîne une diminution progressive et irrégulière de son acuité visuelle et de son champ de vision.
Comment vous sentez-vous après cette pluie de médailles aux Jeux de Paris 2024, au championnat du Monde et au championnat d’Europe ? Quelles émotions gardez-vous de ces événements mondiaux ?
Après les Jeux Paralympiques et toutes ces émotions, il a fallu vite se reconcentrer pour bien terminer la saison 2024. Pendant une semaine, nous avons profité de l’engouement et de la joie partagée avec nos proches et nos supporters, mais il a rapidement fallu retourner à l’entraînement pour préparer au mieux les dernières courses de l’année. Mentalement, ce n’était pas simple de se reconcentrer après des moments aussi intenses, mais avec Cyril [mon guide], nous nous sommes soutenus pour rester compétitifs jusqu’au bout.
Ces Jeux de Paris 2024 ont été marqués par une attention accrue portée au handicap et aux capacités extraordinaires des para-athlètes. Quel jugement portez-vous sur l’impact de ces Jeux, en particulier sur la perception des personnes en situation de handicap ?
La différence liée au handicap était parfois mal perçue par certaines personnes, et je pense que cette visibilité accrue a permis de montrer que le handicap ne doit pas être synonyme d’exclusion. Chacun d’entre nous, qu’il soit en situation de handicap ou non, a quelque chose à apporter à l’autre. Les interactions permettent de se construire mutuellement sans que la notion de handicap soit forcément au centre de tout. En abordant la différence comme une ouverture d’esprit, nous encourageons l’évolution personnelle et collective.
Selon vous, qu’est-ce qui pourrait aider à prolonger cet impact dans la société au-delà des Jeux ?
Pour prolonger l’impact des Jeux sur la société, tous les acteurs de la vie sociétale ont un rôle à jouer. Les entreprises, en offrant aux personnes en situation de handicap des opportunités d’insertion professionnelle et de développement personnel, jouent un rôle capital.
Les médias, quant à eux, ont un rôle important à jouer pour maintenir la visibilité de ce message. Au-delà des Jeux, de nombreuses personnes en situation de handicap accomplissent des choses remarquables. Les mettre en lumière, y compris les handicaps invisibles, permettrait de sensibiliser davantage la société et de normaliser les échanges sur le handicap sans malaise, ouvrant ainsi la voie à des mentalités plus inclusives.
Votre parcours en tant qu’athlète en situation de handicap a dû être parsemé de défis, tant dans le sport qu’en dehors. Quels obstacles avez-vous rencontrés, et comment les avez-vous surmontés pour en arriver là aujourd’hui ?
Les principaux obstacles ont été les moyens humains, financiers et logistiques nécessaires à mon autonomie. Les déplacements demandent une organisation bien plus anticipée que pour une personne valide, ce qui peut être une source de stress. Par exemple, voyager avec un tandem est interdit dans les trains, ce qui limite énormément les déplacements d’une personne malvoyante ou non voyante, même si elle est athlète de haut niveau. Il faut sans cesse se battre pour trouver des solutions. Heureusement, le soutien de mon entourage m’aide à affronter ces difficultés.
De plus en plus de chefs d’entreprise prennent conscience de l’importance de l’inclusion des personnes handicapées dans leurs structures, mais il reste encore beaucoup de chemin à parcourir. Quel message aimeriez-vous leur transmettre aujourd’hui ?
Je pense que toute personne, qu’elle ait un handicap ou non, peut apporter une contribution précieuse à la société et à une entreprise. Pour un chef d’entreprise, il est important de comprendre les défis spécifiques auxquels une personne peut faire face, et de trouver des stratégies pour y répondre. Souvent, la méconnaissance des difficultés d’une personne vient de la peur de cette dernière d’évoquer ses défis par crainte du jugement. Pour moi, en parler ouvertement permet de surmonter ces obstacles et de progresser ensemble.
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