QVCT – Episode 1 : l’engagement et la fidélisation des collaborateurs

19 Nov 2024 | Actualités, RH

Il y a quinze ans, Philippe a lancé son entreprise, s’inscrivant dans une tradition familiale puisque ses parents étaient commerçants en lingerie.

L’entreprise MesDessous.fr s’est naturellement tournée vers la vente en ligne afin de se faire une place sur le marché. Aujourd’hui l’entreprise fait partie des trois survivants indépendants de vente en ligne de lingerie.

L’équipe se compose de quatre associés et de plus de quinze salariés. L’ancienneté moyenne est de six ans. L’équipe est répartie en trois pôles : la partie logistique qui évolue en entrepôts, la gestion du site, les services supports.

Mais alors, comment fait-on pour engager et fidéliser l’ensemble de ses collaborateurs quand on a des métiers très différents ?

L’équipe

Comment avez-vous construit votre équipe ?

Je recrute environ 20% de mes effectifs avec l’accompagnement de France Travail.

Je travaille beaucoup avec les Mission Locales de mon département qui aident les jeunes à savoir se présenter et mettre en avant leurs compétences. Travailler avec ces deux acteurs me permet d’avoir une proximité géographique entre le lieu de travail et le lieu de vie de mes salariés. Ce point est très important pour moi.

J’ai également une forte appétence avec les apprentis. Ayant moi-même vécu cette expérience il n’y a pas si longtemps (enfin si un peu maintenant…), il me tient à cœur d’accompagner la maturité professionnelle des alternants.

Je recrute beaucoup de jeunes qui sont aujourd’hui très attentifs aux horaires. Etant un point important pour eux, même si leurs besoins me sidèrent un peu, cela devient un point important pour moi.

Initialement, les équipes avaient 2h de pause pour le temps du midi. À la suite de différentes réclamations pour réduire ce temps de pause, nous avons fait un sondage pour identifier les souhaits. Nous avons donc mis en place des journées de 7h avec 30min de pause le midi (minimum légal). Les équipes finissent donc leur journée à 15h30. Ils en sont ravis.

Quel est votre style de recrutement ?

Nous sommes toujours bienveillants dans le recrutement, nous ne souhaitons pas piéger ou mettre mal à l’aise les candidats.

Je n’ai jamais été formé au recrutement, je fais confiance à mon instinct. Cependant je fais toujours les entretiens à plusieurs car concernant l’humain on n’est pas toujours objectif.

On accorde beaucoup d’importance au respect du candidat, on recontacte toujours les personnes rencontrées quelque soit l’issue.

Comment favorisez-vous la communication et l’esprit d’équipe au sein de votre entreprise, tout en assurant un suivi des performances individuelles ?

Il est extrêmement important pour moi que la communication et la proximité soit réelle au sein des échanges. Nous écrivons peu de mails, nous nous déplaçons au sein des bureaux constamment.

Cependant, car nous avons aussi besoin de moments définis pour cadrer les choses. Nous avons donc mis en place deux entretiens annuels par an.

Durant ces entretiens nous notons les performances des collaborateurs (eux et nous, puis mise en commun). En fonction des résultats cela débloque des primes.

Nous sommes très attentifs au fait de récompenser le travail et l’engagement personnel.

Sur les premières années c’était vraiment ma priorité de créer un esprit d’équipe et une forte cohésion.

Dans l’équipe chacun sait ce que les autres font, ils l’ont tous déjà expérimenté. Soit car l’accroissement d’activité nécessite des bras supplémentaires ou en immersion pour faire découvrir les missions et enjeux de chacun.

Aujourd’hui je me rends compte que j’aurais dû mener de front la mise en place d’un sentiment d’appartenance à l’entreprise.

Comment mixer différentes générations pour la performance de votre entreprise ?

Les besoins et attentes des nouveaux arrivant dans le monde du travail changent continuellement. Par exemple, je me rends compte que pour la Gen Z il est important d’être fière de son entreprise et pas seulement du travail qu’on effectue. Mais pour autant, ils n’ont pas du tous les codes de l’entreprise. On a besoin de jeunes motivés, mais notre rôle c’est de leur apprendre le métier et les règles de l’entreprise. Nous sommes donc très axés dans l’accompagnement, tout en mettant un cadre bien défini.

Les générations ont chacun leurs propres appétences. Nous sommes très contents d’avoir les très jeunes pour la mise en place de l’IA et notre chatbot qui va énormément soulager l’équipe du SAV.

Vous nous avez dit que la mixité au sein de vos équipes était très importante. Vous avez accordé une attention particulière à avoir la parité femmes-hommes. Est-ce que l’embauche de personnes séniors est une cible dans vos prochains recrutements ?

Certains de nos postes nécessitent beaucoup de manutention et ne sont pas forcément adaptés aux personnes plus âgées.

Il est vrai que l’on n’est pas allé spécifiquement les cibler, cependant, les seniors font aussi partie de notre clientèle, alors c’est effectivement une bonne idée.

La gestion de l’évolution de l’équipe & le sentiment d’appartenance

Avez-vous déjà mis en place des éléments type du « boite à idée » pour récolter les envies et besoins de vos salariés ?

Oui, nous sommes très à l’écoute des envies : ils avaient envie de plus de déjeuner d’équipe, de musique au sein de l’entrepôt, maintenant ils veulent des plantes dans les bureaux.

Avoir ces demandes et laisser la porte ouverte aux propositions est révélateur qu’ils se sentent à l’aise d’être moteur.

Est-ce que vous avez abordé le fait de redonner la main à chacun sur la façon de réaliser leurs missions ?

Oui, tout à fait, chacun des salariés a des objectifs et des indicateurs à suivre. L’objectif est qu’ils puissent s’auto évaluer, et travailler pour être fiers d’eux-mêmes.

Notre mode de communication très informel, qui est un choix ne permet pas de formaliser certaines choses qui doivent l’être.

Pour compenser, outre les 2 entretiens individuels par an, nous avons notamment un Document Unique, qui est un réel écho à notre façon de fonctionner.

Est-ce que vous sentez un engagement de la part des collaborateurs après avoir mis en place les changements qu’ils ont demandés ?

On sent une cohésion, une reconnaissance envers l’employeur et la structure. Comme dans n’importe quelle relation humaine, c’est donnant donnant. Mon entreprise c’est avant tout leur entreprise. S’ils sont plus impliqués, on sera plus performant et ils en récolteront les lauriers à plusieurs niveaux. On cherche à leur faire comprendre que si l’activité est impactée c’est tout le monde qui est impacté.

« Il faut qu’on y arrive tous ensemble, c’est notre boite ».

Qu’est-ce qui rend vos salariés fiers de travailler chez MesDessous.fr ?

Il y a 15 ans sur le marché on était 20-25 acteurs, aujourd’hui on est plus que 3. Ils sentent qu’ils participent à quelque chose de particulier. Ce sentiment de se battre ensemble face à de gros concurrents.

Ils se sentent, et à juste titre, responsable de l’ambiance au sein de l’équipe, ils sont fiers de la relation qui est entre eux. En écho, l’intégration des nouveaux arrivant est vraiment bien.

La posture du manager

Quel manager êtes-vous ?

Quand on est dans un management de proximité, qui n’est pas dictatorial, il faut tout de même être prêt à agir. A prendre ses responsabilités pour le bien être de toute l’équipe.

En effet, une fois que les choses sont mises en place et établies, il y aura toujours un grain de sable dans la machine.

Je suis toujours à l’écoute. Cependant ce n’est pas parce que j’écoute que la demande est acceptée. Je sais dire non, c’est important et les collaborateurs le savent. S’ils ont une requête, ils savent qu’ils peuvent venir m’en parler sans tabou, mais ils doivent avoir réfléchis à des solutions / propositions, et nous réfléchissons ensemble aux mises en place.

Il me faut aller au-delà de ma nature, faire des efforts pour mettre en place ce que je considère comme indispensable.

Je sais qu’il faut que je leur dise plus souvent de vive voix quand je suis content d’eux.

Il y en a qui m’appellent « patron ». Ce n’est pas du tout ce que j’ai mis en place dans ma façon de travailler, mais c’est un système que certains apprécient.

Qu’est-ce qui vous a fait changer d’attitude managériale au fil du temps ?

Aujourd’hui nos salariés sont contents de travailler pour moi, mais pas nécessairement pour l’entreprise en tant que tel, j’essaye de changer ça. Comment ? Nous mettons en avant notre logo, pour en être fier, nous avons offert des cadeaux floqués qui correspondaient aux besoins sur le terrain, à savoir par exemple une polaire pour l’hiver, (l’entrepôt n’est pas chauffé !). Nous avons aussi mis en place des primes spécifiques sur les résultats de l’entreprise afin que chacun se sente de plus en plus concerné par les résultats de ‘l’entreprise et de son implication.

Avoir un tiers observateur comme Marie-Hélène BAREYT aide beaucoup à prendre de la hauteur et à comprendre des choses que l’on vit tous les jours sans les voir.

Être accompagné m’a vraiment permis une tranquillité d’esprit. Cela m’a aidé sur la mise en place d’actions de cohésion de l’équipe. Cela a aussi été impactant sur ma façon de manager et donc par déclinaison le management de mes managers.

Le dirigeant et son entreprise

Qu’est-ce qui vous a fait changer d’attitude managériale au fil du temps ?

Je pense que je ne serais pas le seul à avoir du mal à répondre à cette question…

De mon côté j’ai une très bonne structure familiale et amicale. De plus nous sommes quatre associés dans une petite structure, ça aide beaucoup à prendre des décisions.

Il ne faut pas oublier le sport aussi. Au début c’était un plaisir maintenant c’est devenu une nécessité. Je m’accorde un budget, j’ai pris un coach sportif, nous faisons le point sur ma semaine et ajustons les exercices en fonction du besoin que j’ai de me défouler.

Bravo pour l’esprit familial et d’équipe que vous avez créé, que se passera-t-il quand vous ne serez plus là ?

C’est une question sur laquelle je travaille activement. Je me rends compte aujourd’hui que s’il m’arrive quelque chose, au-delà des assurances, je dois m’assurer que les personnes au sein de mon entreprise pourront poursuivre l’activité sans moi. Encore une fois l’entreprise c’est l’équipe et les personnes qui la compose.

Je forme peu à peu mon adjoint, qui est aujourd’hui associé et qui a par ailleurs commencé alternant dans l’entreprise.

Être un dirigeant inspirant et motivant a ce biais : comment faire une bonne passation, acceptée de tous.

Quand on construit une structure et qu’on passe par plein d’obstacles et de challenges il faut réussir à faire comprendre et même vivre tous ces apprentissages au successeur.

Merci à l’ensemble des participants de cette session qui ont favorisé les échanges et les réflexions autour de cette thématique : Sabine, Marie-Hélène, Marc, Eric, Corinne, Renaud, Peggy, Georges, Elisabeth, Thomas, Jérôme, Karine,Pascal

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