On ne construit pas l’avenir de Paris sans l’automobile

14 Oct 2016 | Actualités, Actualités locales, Mobilités

Il est des décisions de majorités politiques qui vous blessent alors que vous êtes, au contraire, en attente d’écoute, de dialogue et d’accompagnement. Le 26 septembre dernier, le Conseil de Paris a voté la piétonisation définitive de 3,3 km de la voie Georges Pompidou à effet immédiat. Dans les faits, elle était déjà inaccessible aux véhicules depuis l’été avec Paris Plages puis une exposition sur la COP 22. Une partie de l’opposition municipale s’est manifestée, l’autre préférant se concentrer sur la campagne médiatique des primaires Les Républicains. Quant aux PME de Paris et d’Ile de France elles n’ont pas eu leur mot à dire.

Tout cela prêterait à laisser faire si ne nous pensions pas que les entreprises responsables ne sont pas dans la Ville pour servir de faire valoir ou d’alibi, ni pour passer à la caissesans mot dire. Dans le cadre de leur engagement sociétal voire citoyen elles ne l’entendent pas ainsi. En effet, penser la place de l’automobile dans la ville, et dans une ville comme Paris, est l’affaire de tous y compris des TPE et PME. Personne n’a oublié les politiques publiques d’hier qui poussaient les particuliers et les entreprises à se doter de véhicules diesels. Su ces sujets, un vrai débat public doit avoir lieu. Et c’est donc avec intérêt que nous voyons la création, par la Métropole du Grand Paris, d’un « Observatoire concernant l’expérimentation de la fermeture de la voie sur berge, rive droite ». Et cela dans la mesure où non seulement les PME sont représentées mais aussi parce qu’elles auront leur mot à dire face aux élus et aux administrations. Il est sans doute temps que les vérités acquises, à une autre époque, et les que vérités contraintes d’aujourd’hui,  laissent place à au dialogue.

C’est pourquoi, justifier la fermeture des voies sur berges à « une promesse de campagne » est un peu court et manque de vue à long terme. Comme considérer que les « entreprises doivent s’en contenter parce qu’elles votent à droite ». La pollution de l’air à Paris est devenue critique personne le conteste.Ne nous contentons pas des justifications partisanes. Montrer du doigt les entreprises est indécent.Les moyens publics ont-ils été à la hauteur ? Ces dernières années AIRPARIF aurait pu bénéficier d’un coup de pouce significatif pour ce nouveau défi. La multiplication des capteurs, l’emploi de techniciens, et les études publiées a été conforme à ce qui se faisait c’est-à-dire avec rigueur mais reste de l’homéopathie. Il en est de même pour les autres agences qui mesurent le bruit ou le volume des déplacements. En effet, la qualité de l’air, les nuisances sonores, la densité des trafics sont des données que l’on n’apprécie pas à l’estime ou au bon plaisir mais par des études en série sur une longue durée. Encore faut-il bénéficier de données antérieures, in situ, à comparer. Et du budget… Il en est de même pour le risque sanitaire (principalement les maladies respiratoires) qui touche les publics de tous âges. On pense, bien entendu, aux enfants, mais aussi aux séniors sans oublier les salariés des entreprises du bâtiment et des autres métiers qui travaillent en extérieur, sur la voie publique, au sol ou en hauteur. Nous avons besoin d’études médicales partagées et non de convictions.

Déclarer, aujourd’hui, la guerre à l’automobile dans Paris est irréaliste. Tout d’abord, parce que la sphère publique et parapublique n’a pas su mettre en place des solutions nouvelles de déplacements alternatifs pour les particuliers et les professionnels. Et entrainer un surcroit de charges et de coûts sur les TPE et PME est irresponsable. Sauf erreur, rien n’a changé depuis septembre concernant le nombre de voitures de bus par lignes, pas les lignes de métro nouvelles, pas d’extension des horaires de circulations. Les professionnels du dépannage doivent-il prendre les transports en commun, avec leur caisse à outils et leurs matériels, pour réparer en urgence une fuite d’eau, ouvrir une serrure crochetée ou débloquer une personne dans un ascenseur ? En revanche, d’ores et déjà, une réelle augmentation de la durée des trajets quotidiens et du nombre de véhicules sur les itinéraires de report est actée. Un rapport de la ville de Paris nous dit qu’ils sont « inférieurs aux prévisions »… On rêve ! Ensuite, mettre à l’index le secteur automobile, en plein Mondial de l’Auto, n’est pas fair play. En Ile de France, les professionnels de l’auto, s’adaptent aux technologies nouvelles,  s’occupent de la vente, de l’entretien, du diagnostic, de la location… Ils représentent 18 600 entreprises, 71.300 salariés et 8.200 apprentis. Ces métiers passionnent les jeunes. Ils doivent être valorisés dans le cadre de leur travail sur des véhicules propres et de leur entretien dans le respect de l’environnement. L’Etat doit encourager les industriels à créer des véhicules utilitaires propres. Aujourd’hui, c’est un casse-tête pour un professionnel de trouver un véhicule utilitaire électrique qui accepte un bon niveau de chargement en matériels et bénéficie d’une réelle autonomie d’utilisation. Enfin, le risque sanitaire est aussi celui de la pénibilité pour les patrons et leurs salariés. Plus de temps passé au volant c’est plus de stress, plus de risque d’accident, plus de mal d’être pour aller au travail. Ne sous estimons donc pas ces contraintes qui ont un coût humain et social.

Personne ne souhaite plus de voitures à Paris ni plus de pollution. Arrêtons donc ces procès d’intention et aidons les mentalités, comme les pratiques, à évoluer avant de les contraindre. Ouvrons donc un débat serein où les PME, comme leurs salariés, ne sont pas les spectateurs de décisions qui se prennent, dans leur ville, sans eux.

Bernard COHEN-HADAD

Président de la CPME Paris Ile-de-France

Président du think tank Etienne Marcel

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