Le combat religieux n’a pas sa place dans l’entreprise

16 Mar 2017 | Actualités

Les PME sont de plus en plus ouvertes à la diversité, mais elles sont confrontées à des groupes intégristes.

Article de Bernard COHEN-HADAD, président de la CPME Paris Île-de-France, paru le 15 mars 2017 sur www.latribune.fr.

La Cour de Justice de l’union européenne vient de consacrer le principe de neutralité du fait religieux dans l’entreprise. Cette décision qui met en avant l’importance du dialogue interne dans l’entreprise mais aussi reconnait le pouvoir de direction et de contrôle du chef d’entreprises face au développement de l’intégrisme religieux. N’oublions pas qu’il y a quelques semaines, le gouvernement français avait publié un guide du fait religieux dans l’entreprise dont l’objectif est de permettre aux entrepreneurs de s’informer sur les problèmes d’intrusion d’un conflit d’origine religieuse sur le lieu de travail

Avec l’islam radical, les choses changent

La Cour de Justice de l’Union Européenne qui juge en dernier ressort les violations alléguées des droits fondamentaux va plus loin et on doit s’en féliciter. En France, les relations entre la plupart des religions et le monde de l’entreprise privée, jusqu’à présent, n’ont jamais été exacerbées. Le monde des PME a toujours su s’accommoder de la diversité des religions de ses salariés et les salariés ont toujours respecté la neutralité affichée de l’entreprise vis-à-vis des pratiques religieuses ou de leur absence. Depuis quelques années, il n’en est rien. Avec l’islam radical, les choses ont changé. Les revendications religieuses se mêlent à la politique, l’économique, le social et le culturel. Le spirituel au séculier. L’espace public à l’espace privé. Et ce qui se gérait alors par le dialogue, le respect des différences et dans la bonne entente est cristallisé. Nous sommes passés de la bonne intelligence, du respect des autres à une querelle permanente. Au nom d’interprétations plus ou moins obscurantistes de la loi religieuse

Les PME de plus en plus ouvertes

Depuis une trentaine d’années, l’entreprise privée, quelle que soit sa taille, ne s’est pas refermée sur elle-même. Bien au contraire, malgré les conflits sociaux, la crise financière, la mondialisation des échanges. Avec l’arrivée sur le marché du travail de nouvelles nationalités et l’intrusion du numérique dans tous ses processus,  l’entreprise s’ouvre de plus en plus sur les territoires et ce qu’il l’entoure. Même les PME ont un regard qui dépasse l’échelon local et commencent à intégrer des démarches sociétales. En France, les grandes religions monothéistes dans le respect de la laïcité dans l’espace public ont fait évoluer leur pensée et participent à des échanges réguliers sur la place de l’Homme dans l’entreprise sauf l’islam radical. Pourquoi ?

Groupements intégristes

Parce que l’image que certains donnent de la religion musulmane n’est pas la réalité de l’Islam. Et cela dépasse de loin la question relative au port du voile ou de signes distinctifs dans l’entreprise. En France, nous avons à faire à des groupements minoritaires intégristes qui souhaitent imposer leur vision d’un monde totalitaire. La totalité c’est broyer les particularités: faire intervenir le religieux dans un domaine qui, par tradition, n’est pas le sien et apporter une réponse religieuse à des questionnements où la religion n’a pas à intervenir. Dans nos entreprises, jusqu’à présent le prosélytisme avec plus ou moins de réussite était syndical. Il est maintenant devenu religieux et communautariste.

Et il nous surprend chaque jour, partout, par ses formes diverses. C’est, par exemple pour un manutentionnaire, refuser dans une supérette de ranger des bouteilles d’alcool ou des paquets de tranches de jambon dans un rayon. Refuser de serrer la main à un homme pour une hôtesse d’accueil ou pour un conducteur de prendre le volant parce que le véhicule vient d’être conduit par « une » collègue. Ou encore, ne pas passer une consultation de médecine du travail parce que le praticien est un homme ou une femme…

Dans les territoires, certaines politiques publiques de communautarisation et de clientélisme ont aussi leurs responsabilités. L’Europe à travers sa justice montre, aujourd’hui, que l’on ne peut pas tout accepter. Et nous ne pouvons pas non plus laisser faire ou dire au nom d’une non-discrimination culpabilisante qui en réalité rejette l’égalité hommes-femmes ! Le monde patronal doit être uni sur ces problématiques. Appliquer le droit c’est bien et cette décision va dans le bon sens mais trouver les conditions de travailler ensemble en harmonie et rester fermes dans la défense des valeurs républicaines, c’est mieux. Et n’oublions pas qu’en ce domaine, comme en d’autres, nos entreprises ont besoin de souplesse. Même à l’occasion d’un enjeu présidentiel, les conduire sur le terrain du combat religieux est un contresens !

Bernard COHEN-HADAD
Président de la CPME Paris Île-de-France
Président du think tank Etienne Marcel

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